Les premières traces en latin du terme “blanc” remontent au 9ième siècle après J.C. — c’est-à-dire dans un moyen âge déjà bien avancé— dans un document où “blancus” est utilisé comme adjectif. Dans le latin médiéval, ce terme dérive du germanique “blank” (“blanc étincellant/brillant”), qui a finit par supplanter le mot latin classique “albus”.
Ce terme latin classique était apparenté à d’autres termes, provenant tous d’une forme commune, *albho-, dont on retrouve les traces dans l’aire osque-ombrienne, en grec et dans le terme sabin “alpus”. Dans une de ces plus importantes études, l’indo-européanisant Krahé démontre que la majeure partie des fleuves nord-européens portent dans leur nom des racines phonétiques indo-européennes; il en déduit que cette forte concentration d’“hydronomie indo-germanique”, débouchant dans la Mer Baltique, constitue une preuve pour localiser dans cette région septentrionale la patrie originelle (Urheimat) des Indo-Européens. La racine dont dérive le latin “albus”, signifiant “blanc”, est largement présent dans l’hydronomie européenne. «Nous avons l’Aube, affluent de la Seine, l’“Albis”, nom antique de l’Elbe, “Albula”, premier nom du Tibre et d’un ruisseau proche de Tivoli, “Albanta” / “Lavant”, fleuve de Carinthie, “Alfunda” / “Ulvunda” en Norvège», a constaté de son côté Romualdi. Dans l’Europe au sens large, on peut parler d’une époque lointaine où les hommes parlaient une langue indo-européenne non divisée, que Krahé a définie comme l’ “alteuropäisch”.
Le blanc est par excellence la couleur de la lumière. Il représente la perfection et l’équilibre. Sur les vêtements traditionnels, le blanc symbolise des éléments importants — tant la vie que la mort et tant la mort que la renaissance. Aujourd’hui encore, dans tous les sacrements chrétiens, les vêtements ou ornements sacerdotaux, que revêtent les officiants, sont de couleur blanche. Selon Cooper, «dans le mariage, le blanc symbolise la mort de l’ancienne vie et la naissance à une vie nouvelle, tandis que dans la mort, le blanc représente la naissance à la nouvelle vie de l’au-delà».
Le blanc a un symbolisme important également dans la tradition hermétique, où, avec le rouge et le noir, il est l’une des trois couleurs du Grand Œuvre: l’albèdo est la seconde phase, dans laquelle prévaut le mercure. Evola nous explique, dans La tradition hermétique que «le blanc —lumière, printemps, résurrection, vie, floraison, naissance, etc.— exprime énergiquement l’état d’extase active qui suspend la condition humaine, régénère, restitue le souvenir, réintègre la personnalité dans un état non corporel».
Dans le monde scandinave, les walkyries, qui représentent la principale épiphanie du divin, “sont les déesses blanches et lumineuses par excellence… comme d’ailleurs d’autres figures féminines surnaturelles, même si on ne les définit pas explicitement comme des walkyries, et sont liées au symbolisme du blanc» (Chiesa Isnardi). Dans la langue scandinave, les Elfes, dont le nom dérive aussi de la même racine que l’“albus” latin, sont, eux, “niés à la lumière” et donc privés de couleur. Le métaphysicien français René Guénon explique que le blanc “attribué à l’autorité spirituelle suprême, est la couleur du Mêru considéré en lui-même”.
Enfin, référons-nous à une trace mythologique intéressante où apparaît un symbole apparenté: la tradition celtique parle d’une Ile Verte, mais au centre de cette île, se dresse la Montagne Blanche, qui, dit-on, ne sera jamais engloutie par aucun déluge et porte, sur son sommet, la couleur du pourpre».
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Article paru dans La Padania, le 24 septembre 2000; trad. franç.: Robert Steuckers.
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