Le nombre «5» dans la tradition indo-européenne

Le nombre 5 est un nombre important, tant pour son symbolisme que pour son étymologie: les deux registres se complètent d’ailleurs parfaitement. Selon les reconstructions opérées à l’unanimité par les linguistes, le terme, qui désigne le nombre «5», dérive d’une racine indo-européenne *penkwe, que l’on retrouve dans plusieurs aires linguistiques. Comme pour les autres nombres, on constate des formes différentes dans les différentes langues indo-européennes: l’irlandais coïc et le gallois pimp; le gothique et le vieil haut allemand fimf, le lituanien  penki et le slave ancien petr, le tokharien A päñ, le tokharien B pis, le latin quinque et l’ombrien pumpe (nas); le grec antique pente, l’arménien hing; le persan avestique panca et le sanskrit panca dérivent tous de cette unique racine phonétique, qui, selon une interprétation, serait composée de *pen et de *-kwe; cette dernière syllabe est un suffixe indiquant une conjonction copulative ou plutôt enclitique, c’est-à-dire qui se place à la fin d’une série de termes: ce type de conjonction est encore bien présente en latin, -que (ndt: dans la formule Senatus populusque romanus).

Ces précisions ne relèvent pas seulement de la simple curiosité philologique parce que c’est en réfléchissant sur la signification de ce *kwe/-que que l’on a pu émettre la théorie qu’aux temps archaïques les Indo-Européens comptaient non sur base décimale, comme nous le faisons aujourd’hui, mais sur la base du nombre 5; leurs calculs se terminaient donc par une expression pour désigner le nombre final, que nous devrions plutôt traduire par «et 5», *penkwe / lat.: quinque – it: cinque. L’explication la plus simple est que cinq est le nombre des doigts de la main, sur base de laquelle on effectuait les calculs.

Ensuite, le symbolisme du nombre cinq désigne aussi l’homme (le «microcosme»); ce chiffre, outre le nombre de doigts, représente aussi la somme de la tête et des quatre membres (ou des quatre extrémités des membres inférieurs et supérieurs, soit les mains et les pieds). Le pentacle ou pentagone, inscrit dans un cercle, fut l’un des symboles les plus prisés du pythagorisme car c’est sur une base de 5 que l’on accède à l’harmonie universelle de l’échelle d’or. On ne s’étonnera pas qu’un symbole aussi riche de signification ait été inversé, comme aujourd’hui, où l’on retourne le pentacle et où on le place pointe vers le bas, devenant ainsi l’emblème des divers groupes de «satanistes» dont bien peu comprennent la sens réel du symbole dont ils se sont emparé.

La fleur à cinq pétales indique la «quintessence»; chez les rosicruciens, la rose à cinq pétales est placée toute entière dans une rose à huit pétales. En Inde, le nombre 5 revêt une importance particulière car il rappelle les couleurs primordiales et les sens de la perception, c’est-à-dire les éléments subtils et bruts. Dans la culture nordique antique (et dans d’autres cultures), le 5 est le nombre de l’équilibre puisqu’il est la somme de 2 et de 3, représentation de l’humain et du divin. L’homme et le divin, tout est dans le nombre 5: ainsi le microcosme et le macrocosme, le haut et le bas.

L’étude des proportions et des équilibres de la main, liée étroitement au nombre 5, fait dire à Athanasius Kirchner (Musurgia universalis): «De même, les éléments, les qualités, les tempéraments et les humeurs se maintiennent de manière constante en des rapports bien définis».

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(article tiré de «La Padania», 23 juillet 2000; trad.. franc.: Robert Steuckers, décembre 2009).

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Alberto Lombardo è stato tra i fondatori del Centro Studi La Runa e ha curato negli anni passati la pubblicazione di Algiza e dei libri pubblicati dall'associazione. Attualmente aggiorna il blog Huginn e Muninn, sul quale è pubblicata una sua più ampia scheda di presentazione.
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