Ère glaciale et migrations humaines

Jean Vertemont, Dictionnaire des mythologies indo-européennes Cet article peut être interprété comme une contribution ultérieure et une intégration de mon essai, L’Impero Amazzonico [l’Empire Amazonien], publié récemment (1). Après environ 20 ans de recherches continues, de voyages et d’explorations, en parlant aussi avec d’autres spécialistes, archéologues ou simples passionnés, je me suis définitivement convaincu que nous sommes maintenant dans une phase fondamentale et définitive pour chercher à comprendre de manière concluante l’Histoire de l’Homme. Il est nécessaire, j’oserai dire vital, de faire enfin un effort conjoint pour abattre le paradigme archéologique orthodoxe séculaire qui voit exclusivement le Moyen-Orient et la Méditerranée comme le berceau des premières grandes civilisations (Sumer et l’Egypte). Si nous ne réussissons pas à abattre cette «grande muraille» du préjugé, la bataille des spécialistes d’avant-garde, auxquels je sens que j’appartiens, sera pour l’instant perdue.

Jamais comme dans cette période je ne me suis rendu compte à quel point le pouvoir des médias peut avec une extrême facilité faire que certaines nouvelles (normalement futiles) soient discutées continuellement, pendant que d’autres (fondamentales) ne sont jamais annoncées. Pour ne prendre qu’un seul exemple: la traduction de certains textes étrangers en italien. Certains ouvrages d’extrême importance n’ont jamais été et ne seront jamais traduits dans notre langue (2). Ils sont choisis, voulus et imposés pour faire en sorte que certains sujets ne soient vus qu’à travers une pâle image déformée. Mais tournons-nous vers le vrai but de notre écrit. Dans la première partie de mon livre, j’avais exposé l’argumentation concernant le mystère du peuplement des Amériques: dans divers milieux de l’archéologie «alternative», on pense que, outre l’immigration reconnue en Amérique de peuples asiatiques à travers le détroit de Béring, il y a eu deux autres immigrations, probablement précédentes: une venant de la région atlantique/européenne et une autre par la voie australienne/antarctique. Pour l’instant je m’occuperai de la première migration venant d’Europe.

Ce qui sera exposé ci-après se base, comme je le fais toujours, sur des conceptions de départ connues et acceptées de la communauté archéologique/anthropologique internationale, pour parvenir ensuite à des conclusions qui, par contre (et on ne comprend pas bien pourquoi), n’ont pas encore été retenues comme valides. Je pense que cela est surtout dû au fait que la dénommée «culture dominante» a toujours besoin de beaucoup de temps avant de prendre sous son large parapluie protecteur les innovations de tous types présentées par des spécialistes qui, pour ainsi dire, devancent les temps.

Georges Dumézil, Mythes et dieux des Indo-Européens L’espèce humaine à laquelle nous appartenons tous est actuellement représentée sur la terre par l’homo sapiens sapiens: nous nous sommes nous-mêmes appelés ainsi et ce n’est pas le moment de trop méditer pour savoir si nous sommes vraiment des «sages» ou plutôt des «suicidaires fous», étant donné la situation actuelle de notre planète.

En tous cas, et j’adopte une optique prudente, on pense que l’homo sapiens sapiens est présent sur la terre avec nos propres caractéristiques depuis au moins 50.000 ans – en pratique, il y a cinquante mille ans pouvait déjà naître un être égal à nous et avec les mêmes capacités d’entendement potentielles. Sur cela tous sont d’accord, mais à partir de ce point les avis de la communauté internationale commencent à diverger sur cette question: où est né le premier homo sapiens sapiens? Certains spécialistes soutiennent, comme Cavalli Sforza, que même dans ce cas il faut adopter le principe de l’«Out of Africa»: le premier homo sapiens sapiens aurait été africain et ensuite se serait dispersé sur les divers continents, en changeant la couleur de sa peau selon les lieux où il est arrivé. Songeons bien qu’on ne parle pas du premier être qui a des caractéristiques humaines (l’australopithèque d’il y a quelque millions d’années) mais plutôt du dernier: précisément dans le cas de l’homo sapiens en effet, la théorie de l’«Out of Africa» n’est pas acceptée par tous. En particulier, certains scientifiques chinois sont plus enclins à penser à une autre hypothèse appelée «multirégionalisme»: dans diverses régions de la terre, plus ou moins en même temps, se seraient développés plusieurs «homo sapiens sapiens», avec les caractéristiques raciales particulières que nous connaissons bien, comme la couleur de la peau, jaune, blanche, noire, rouge, etc. Cette hypothèse est probablement exactement alternative à celle soutenue par le spécialiste Cavalli Sforza, mais comme nous sommes en Italie, de braves chauvinistes soutiennent seulement la thèse de notre compatriote, surtout dans la presse. On ne parle jamais de l’autre possibilité, comme si elle n’existait pas, et ceci du moins ne me semble pas correct. De toute façon je n’ai exposé ces différents avis que par un besoin de plus grande exhaustivité vis-à-vis des lecteurs, parce que ce que je vais vous dire ne peut être invalidé ni par la première ni par la seconde hypothèse: je peux les accepter toutes les deux.

L’épouvantable glaciation de Wisconsin/Würm commença il y a environ 70 ou 80.000 ans. Elle fut la plus froide de l’Histoire, autant qu’on le sache, et frappa très profondément notre planète. En ce qui concerne ses causes nous n’en savons pas encore beaucoup et je ne veux pas me risquer en conjectures, cependant nous savons une chose: lorsqu’elle commença, notre race sapiens sapiens n’était pas encore là alors que notre «cousin», l’homo sapiens neanderthaliensis, existait déjà depuis quelques dizaines de milliers d’années et se comporta vraiment comme un «dur» parce qu’il affronta la glaciation pratiquement sans se déplacer et en restant là où il avait toujours été, en Europe. Cette dernière ère glaciaire ne fut pas ininterrompue mais comporta une phase «interglaciaire» assez longue et chaude, d’environ 40.000 à 30.000 ans. Celle-ci fut vraiment la phase dans laquelle l’homo sapiens sapiens prit le dessus sur la terre, en contribuant de fait à l’élimination de l’encombrant «cousin» Neandertal qui disparaissait déjà de lui-même parce qu’incapable de supporter ces forts changements climatiques. Nous disons, sans demi-mesures, que notre instinct assassin commença malheureusement alors à manifester toute sa potentialité aux frais de notre parent humain concurrent. Depuis lors, évidemment, nous y avons pris goût, mais il vaut peut-être mieux pour l’instant ne pas trop penser à cela et aller de l’avant.

Jean Mabire, Thulé: Le Soleil retrouvé des hyperboréens A partir de maintenant mes hypothèses divergent considérablement de l’historiographie officielle, par conséquent tenez-vous bien. Je pars d’une simple prémisse, par ailleurs énoncée et soutenue par le représentant médiatique italien le plus célèbre de la science officielle, Piero Angela (3), c’est-à-dire qu’en termes de pures probabilités on pense que des êtres intelligents, dans des conditions favorables, ont été en mesure de constituer une sorte de «civilisation» – je ne parle pas de civilisation technologique égale à la nôtre mais d’une civilisation de type «organisé» comme celle de l’Egypte, par exemple – il y a environ 15-20.000 ans. Fantastique!, me dis-je. Ceci veut dire qu’en termes de probabilités, l’homo sapiens sapiens aurait pu atteindre un degré de civilisation de type «développé» au moins trois fois déjà (aujourd’hui, il y a 15-20.000 ans, il y a 30-40.000 ans) et pas seulement dans l’ère post-glaciaire actuelle! Ce raisonnement très simple a littéralement mis en crise plus d’une sommité: qui plus est, vu que la «date de naissance» de l’homo sapiens sapiens, avec les plus récentes découvertes, a lentement reculé jusqu’à il y a environ 100.000 ans (4), il pourrait y avoir un espace pour une autre paire de civilisations possibles en plus (de trois fois à cinq). Certes la statistique parle de probabilités et non de certitudes, mais grâce à cette discipline nous sommes maintenant prêts à répondre dans les termes justes quand les spécialistes orthodoxes contestent la possibilité de l’existence d’une civilisation évoluée pendant l’époque glaciaire. Des éventualités tout aussi «invraisemblables» sont proposées continuellement! C’est une hypothèse tres plausible, et nous l’avons démontrée en utilisant précisément les informations que nous fournissent les historiens officiels.

Mais poursuivons notre raisonnement. Il semble donc extrêmement plausible qu’au cours de l’ère glaciaire de Wisconsin/Würm, les bases existaient pour que se développe une première forme de civilisation humaine évoluée: mais quand, et surtout, où ? Ce sont des questions auxquelles il n’est pas facile de répondre, mais nous essaierons quand même. Il y a fondamentalement deux courants de pensée parmi les spécialistes favorables à l’existence d’une civilisation «glaciaire»: commençons par la première.

Bernard Sergent, Les Indo-Européens C’est «l’hypothèse polaire»: les conditions pour la naissance d’une culture développée il y a 30.000 ans dans les régions nord du monde, alors chaudes, auraient pu se créer pendant la phase interglaciaire de Würm. Nous parlons des régions arctiques mais en réalité les glaces n’étaient pas présentes à cette époque, en premier lieu parce que ces régions étaient, comme je l’ai dit, dans une phase chaude interglaciaire, et en second lieu, probablement, du fait d’un emplacement différent de l’axe terrestre (cette seconde hypothèse est cependant plus faible). En substance, il s’agit de la théorie soutenue par ce grand précurseur de l’archéologie d’avant-garde que fut Bal Gangadhar Tilak, déjà magistralement décrite au début des années 1900 (5), avec la différence cependant que les études plus récentes des passionnés ont considérablement reculé cette possibilité par rapport à la période supposée du grand savant indien (10.000 av. J.C.). Et l’«Atlantide du Nord», c’est «Thulé». Avec la fin de la phase interglaciaire et la reprise soudaine d’une glaciation terrible (de 25.000 av. J.C jusqu’à environ 10.000-8.000 av. J.C., la plus froide qu’on connaisse) les Aryens/ Thuléens furent obligés d’abandonner leur demeure arctique et d’émigrer dans les régions plus au Sud: en Asie, en Europe, en Amérique du Nord et du Sud. Ce sont les migrations des Aryens/Nordiques décrites dans les romans de l’écrivain-explorateur allemand oublié, Edmund Kiss (6), jamais traduits dans notre langue.

La seconde hypothèse est la traditionnelle «Atlantide» de Platon, située vers 12-10.000 ans av. J.C., dans une période géologique précédant à peine la fin de l’ère de Würm. Précisément, la fin soudaine et mouvementée de l’ère glaciaire, peut-être provoquée par un évènement catastrophique extérieur à notre planète (impact sur la Terre d’une comète ou un astéroïde de dimensions considérables), aurait provoqué l’effondrement de la civilisation atlantidéenne, déjà durement éprouvée par le désastreux échec de l’expédition partie à la conquête de la Méditerranée. Même si dans ce cas se produisirent des migrations de la part des survivants, qui à partir des régions «atlantiques» auraient rejoint l’Afrique, et l’Amérique.

Comme vous avez pu lire, les deux hypothèses prennent en considération un peuplement des Amériques dans un sens «alternatif» à l’habituelle migration provenant du détroit de Béring: cela n’exclut naturellement pas cette voie asiatique d’immigration, qui sûrement exista, mais donne aussi crédit à une hypothèse d’immigration en Amérique d’homo sapiens sapiens nordiques/atlantiques/européens.

Encyclopedia of Indo-European Culture Indépendamment de la volonté d’accepter la première ou la seconde hypothèse (Thulé ou l’Atlantide de Platon), et déjà ceci serait peut-être un faux problème parce que dans mon esprit une hypothèse n’exclut pas l’autre, comme nous le verrons plus loin, le point fondamental est de rassembler des indices sérieux de ces plausibles migrations atlantiques/ nord-européennes en Amérique.

En effet, entre l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud, il est possible de trouver des pétroglyphes et des pictogrammes préhistoriques dont les représentations (en général des représentations cosmologique/cosmogoniques et symboliques) sont très semblables aux pictogrammes et aux gravures rupestres qu’on peut admirer entre l’Angleterre et la France. Un éclatant exemple concerne la célèbre Pedra Pintada au Brésil et les pétroglyphes de Pusharo au Pérou, déjà décrits dans mon ouvrage (7). En outre, récemment, le spécialiste Andrew Collins a trouvé d’autres pictogrammes très semblables à ceux trouvés près de l’île de Cuba (8). En considérant aussi les énigmatiques représentations d’hommes indiscutablement blancs et barbus retrouvées dans diverses régions d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud, également de dimensions considérables, existant sur les roches des montagnes andines (voir par exemple le visage barbu d’Ollantaytambo qui apparaît sur la couverture de mon livre) et la récente aide apportée par des études de l’ADN des Amérindiens qui ont relevé au moins un groupe haploïde d’ancienne dérivation caucasienne/européenne (de 30.000 à 15.000 av. J.C.) (9), voilà qu’il est possible de supposer une forte migration «glaciaire» provenant aussi du contexte atlantique/européen.

Nous pouvons donc penser à une solution satisfaisante pour tous: l’habitat des «Polaires» nordiques dut être abandonné de force avec l’arrivée de la nouvelle et dernière phase glaciaire (25.000 av. J.C). Cette migration étalée sur des millénaires poussa ces peuples à rejoindre des territoires libres des glaces dans les régions atlantiques (où la mer était plus basse d’au moins cent mètres et où on pouvait trouver un vaste espace et des îles suffisantes pour instaurer une sorte de culture «Atlantide»). La catastrophe suivante que provoqua la fin de la glaciation et l’élévation soudaine des mers obligea les survivants à tenter de constituer un nouvel ordre social en Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Avec les frères indiens provenant de Béring se constitua ainsi cet « Empire Amazonien », si longtemps recherché par les explorateurs et par le soussigné, décrit dans mon ouvrage et contemporain des autres cultures post-glaciaires qui s’étaient formées dans d’autres parties du monde au cours des millénaires, par l’œuvre d’autres rescapés du déluge: en Inde, en Chine, au Moyen-Orient et en Egypte.

NOTES

1) Marco Zagni, L’Impero Amazzonico, Mir Edizioni, Florence, 2002.
2) Dans ce cas spécifique je considère comme incroyable que l’ouvrage de Posnansky sur Tiahuanaco n’ait été jamais traduit. Voir Arthur Posnansky, Tiahuanacu: Cradle of American man, ed. J. Augustin, New York, 1945.
3) Piero Angela, Nel cosmo alla ricerca della vita, ed. Garzanti, Milan, 1983.
4) Alan Alford, Il mistero della genesi delle antiche civiltà, Newton-Compton éditeurs, Rome, 2000.
5) B.G. Tilak, La dimora artica nei Veda, Ecig, Genova, 1994.
6) Voir par exemple le livre d’Edmund Kiss, Die letze Konigin von Atlantis, Koehler & Amelang, Leipzig, 1931.
7) L’Impero Amazzonico, op. cit., chap. 4 et 6.
8) Andrew Collins, Le porte di Atlantide, Sperling e Kupfer ed., Milan, 2000.
9) Voir l’article d’Antonio Aimi, «Quei navigatori della Preistoria», dans Sole 24 Ore du 25 juin 2000.

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2 Responses

  1. Marc
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    Excellent article!! Il est CERTAIN qu’un très grand nombre de liens et de traditions rattachent les plus anciennes Traditions Amérindiennes, et les Traditions Celto-Nordiques Européennes! Herman WIRTH, et bien d’autres encore, l’ont très bien dit! La présence d’une population Blanche et Blonde, en Amérique Centrale et du Sud, est un thème répandu PARTOUT sur ces deux zones des Amériques, dans les Mythes et Légendes des populations Amérindiennes les plus anciennes.

  2. Marc
    | Rispondi

    Quand à l’existence d’un puissant Empire au sein de toute la Zone Amazonienne, elle semble de plus en plus confirmée par d’innombrables découvertes récentes: existence de techniques Agro-Ecologiques très élaborées(Technique de la “Terra Preta” d’amendement des sols tropicaux à l’aide de charbon de bois…pratiquée de façon quasiment identiques en Allemagne du Nord, il y a au moins 5000 ans avant J.C.!!!), Pierres levées et Cercles de pierres, quasi indentiques aux monuments Mégalithiques Européens, et bien d’autres… Il semble bien que le Colonel FAWCETT, qui était absolument convaincu de l’existence de cet Empire Pan-Amazonien, directement rattaché à l’Atlantide, avait bel et bien raison!!

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